24/08/2018 – Elevage en crise : la FUGEA interpelle le Ministre de l’Agriculture

 

COMMUNIQUE DE PRESSE

Elevage en crise : la FUGEA interpelle le Ministre de l’Agriculture

 

 

Jeudi 23 août, la FUGEA a interpellé René Collin, Ministre de l’Agriculture concernant les difficultés rencontrées dans le secteur de l’élevage.

Voici une copie de cette lettre :

Monsieur le Ministre,

La FUGEA s’alarme encore une fois de la crise que traverse le secteur de l’élevage. Le prix officiel des carcasses bovines est à la baisse de l’ordre de -10 à -20%.

La sécheresse n’a fait qu’aggraver la situation. Les éleveurs ont déjà puisé dans les stocks hivernaux et avec le prix des céréales à la hausse, il leur sera difficile d’acheter des aliments pour compenser les stocks déjà consommés. Les éleveurs en besoin de liquidité seront forcés de vendre leur bétail quel qu’en soit le prix.

A cette situation s’ajoutent des pertes de débouchés. L’exemple de la Turquie est édifiant. Obligée de fermer ses frontières à l’importation de bovins vivants, cette perte déséquilibre encore plus le marché. Ajoutons à ce tableau les accords de libre-échange signés ou en cours de négociation (MERCOSUR et plus récemment l’Australie et la Nouvelle-Zélande) qui détérioreront encore plus la situation.

Nous nous trouvons face à un marché du «non-sens». L’Europe ouvre ses portes à l’importation de viande pour nourrir sa propre population et dans le même temps, cherche à exporter davantage ses produits de très haut standard en termes de qualité sanitaire, environnementale et de bien-être animal… Est-ce vraiment ce qu’attend la population de plus en plus à la recherche d’une alimentation saine, locale et de qualité ?

Monsieur le Ministre, nous vous interpellons afin que la Wallonie prenne des mesures pour aider ce secteur important de notre agriculture wallonne.

Vous nous avez déjà proposé des pistes comme l’avance des aides directes, mais cela ne sera pas suffisant pour pallier la perte de revenu de nos exploitants.

Plusieurs pistes doivent être envisagées à tous les niveaux de pouvoir.

A court terme,

  • Nous devons tout faire afin que le Fonds des Calamités puisse déjà compenser la perte due à la sècheresse sur l’ensemble du territoire et accélérer autant que possible le paiement.
  • Il nous parait aussi important, que vous informiez au plus vite de la situation, la Commission européenne et le Gouvernement wallon, afin de pourvoir sans attendre prendre des mesures pour aider le secteur de l’élevage.
  • Il faudra aussi être attentif aux retards de paiement. Par exemple, au niveau de l’Arsia, il ne faudrait pas que les éleveurs ne puissent plus obtenir des boucles pour leurs veaux; ce qui par conséquent les pénaliserait au niveau de la conditionnalité. Aussi au niveau bancaire, proposer des reports d’échéance.
  • Nous demandons de mettre en place rapidement un étiquetage de nos viandes pour rencontrer la demande du consommateur en termes d’achat de proximité. Et dans le même temps, en faire une campagne de promotion.
  • Permettre d’ores-et-déjà exceptionnellement aux éleveurs, qui en ont la possibilité, d’aller travailler à l’extérieur de l’exploitation sans pour cela perdre les aides du 1er et/ou du 2ème
  • Dès à présent diminuer le plafond de la référence vache viandeuse (aujourd’hui à 250 par UT) afin de mieux rémunérer l’aide couplée aux 30 premières vaches.

Pour la FUGEA, c’est par plusieurs mesures que nous pourrons agir afin de garder à court terme un élevage durable et rentable en Wallonie.

D’autres pistes sur l’avenir du secteur de l’élevage devront être mises en place à plus long terme.

  • La PAC post-2020 pour soutenir réellement les éleveurs

La FUGEA défend une PAC post-2020 forte et audacieuse afin d’aider les secteurs les plus en difficulté. Pour la FUGEA, la PAC post-2020 doit avant tout accentuer son soutien aux éleveurs. Pour cela, nous demandons des mesures spécifiques et précises :

1er pilier :

  • un budget «aides couplées » maintenu à son niveau actuel,
  • une prime aux bovins femelles viandeux simplifiée et qui soutient réellement les naissances,
  • mettre en place un plafonnement réel des aides

2e pilier :

  • en cas de crise, un assouplissement des règles de la concurrence avec la possibilité de fixer les prix pendant toute la durée de la crise par les différents acteurs de la chaîne alimentaire,
  • une transparence des marges obligatoires avec des compétences élargies données aux observatoires européens du marché (qui peuvent conseiller les prix de vente),
  • une régulation des marchés, notamment obligatoire pour tous les Etats membres en cas de crise
  • Asseoir la position de la Belgique concernant la défense de notre secteur agricole pour négocier les futurs accords commerciaux.

La Belgique a donné mandat pour que la Commission européenne négocie les différents futurs accords de libre-échange avec les pays tiers tels que le Mercosur ou très récemment l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

La recherche de nouveaux débouchés n’est pas la solution pour résoudre le problème des prix dans le secteur de la viande. On constate que cette stratégie d’exportation poussée finit toujours par se retourner contre les éleveurs car, dès qu’une perte de marchés est constatée, cela se répercute sur les éleveurs. Ce constat est fait pour l’embargo russe ou avec la fermeture de la frontière turque.

Par ailleurs, nous nous permettons d’attirer votre attention concernant la Turquie sur le transport de longue distance des animaux vivants. Les attentes du citoyen vis-à-vis du bien-être animal deviennent de plus en plus importantes. Le transport de longue durée de ces animaux destinés à être abattus dans des conditions qui nous sont inconnues n’est pas pour favoriser l’image de notre secteur. Nous vous demandons d’être particulièrement vigilant afin de garder une bonne image pour notre secteur de l’élevage.

Enfin, la FUGEA demande que pour chaque négociation d’accord de libre-échange, la Direction Générale Agriculture soit associée de plein droit aux négociations concernant le volet « Agriculture » afin qu’elle puisse défendre les intérêts agricoles européens.

Au vu de ce constat, la FUGEA prône la mise en place d’un système de régulation des marchés et de la production pour que nos élevages soient mieux protégés des aléas des marchés.

Monsieur le Ministre, nous vous demandons d’intervenir rapidement sur ces deux dossiers, afin d’apporter un signal fort de soutien au secteur de l’élevage.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de nos sincères salutations.

Contact presse :

Philippe Duvivier
0491/56.33.86

Gwenaëlle Martin
0491/56.33.88

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